Un mot sur les brûlés :

 

Les trufficulteurs disent « ça brûle !» En général un large sourire accompagne l'expression car cela augure a priori de bonnes nouvelles que nous allons nuancer dans cette page au risque de paraître légèrement rabas-joie...

En tout cas, voilà encore un des nombreux mystères de la truffe ! Pourquoi dans un brûlé les plantes herbacées poussent-elles de moins en moins autour de l'arbre ? Pourquoi se forme-t-il une surface parfois circulaire plus ou moins régulière de terre mise à nu avec seulement quelques plantes résistantes éparses ?

Pourquoi ne subsiste-t-il que des plantes indicatrices de zone truffière, des touffes de fétuques ovines par exemple sous lesquelles des insectes se réfugient, du sédum élevé ?

 

OUI Il existe des brûlés dit "stériles" qui ne donnent jamais de truffes. Espérons que ce n'est pas le cas pour celui-ci ! D'autres champignons produisent aussi des brûlés : Scleroderma verrucosum, Astreaeus hygrometricus.

  

  Astreaus


Scleroderma aerolatum

Espèce très proche de Scleroderma verrucosum qui est plus irrégulièrement vérruqueux, brun rougeâtre vineux, possède un stipe plus différencié et lacuneux

(dessins extraits de « Champignon d'Europe occidentale » de Marcel Bon édité chez Arthaud)


brule 2004

Photo prise en été de noisetiers mycorhizés Tuber uncinatum.

 

     

Photo prise en octobre-novembre.
Passez la souris au-dessus de l' image pour voir où se trouve le brûlé. Jeunes noisetier de 6-7 ans non-producteur.

Les mycorhizes améliorent l'absorption de l'eau par les racines de l'arbre. En assèchant ainsi la surface du sol, elles provoquent la disparition ou le jaunissement des herbes. L'intensité d'un brûlé dépend de l'espèce de truffe, des conditions de terrain, climatiques, microbiologiques etc.

D'après ce que j'ai compris les mycorhizes ont aussi une action chimique sur le sol qui aurait tendance à acidifier le milieu originellement alcalin. Des travaux Néo-Zélandais (Plattner, 1995) font l'hypothèse que le mycélium parasiterait certaines plantes herbacées. La concurrence en eau et nutriments seraient à l'origine de la manifestation du brûlé.

Les marques dans les truffières à Tuber uncinatum, en tout cas, sont loins d'être rondes comme dans certaines images d'Epinal des manuels de trufficulture. C'est nécessaire pour bien comprendre le phénomène quand on l'a jamais vu, en réalité les formes sont diverses.

Sous certains arbres il n'y a pas de brûlé, sous d'autres seulement des portions sont brulées.

Le fait d'avoir planté en ligne donne des bandes de brûlés.

Dans l'image ci-contre à gauche, on remarque un morceau d'une bande de brûlé. La zone la plus verte comporte de la fétuque ovine (semée il y a quelques années).

Gérard Chevalier me confirme que « Les brûlés seraient dus à des substances herbicides secrétées par le mycélium de la truffe, mais aussi par les ascocarpes. Il n'y a pas que la truffe qui soit capable de produire des brûlés : d'autres champignons, comme les Astraeus, en sont capables. L'origine des brûlés est complexe : il n'y a pas que la production d'herbicides. Il y aurait également des phénomènes de compétion pour l'eau, les éléments nutritifs, etc. Il peut arriver que la truffe ne brûle pas. J'ai récolté de magnifiques Tuber melanosporum sous du gazon aussi beau que celui d'un golf en Grande- Bretagne ! Dernier point, le brûlé n'éradique pas les ronces. Pour Tuber uncinatum, les places en forêt où il y a des ronces ne produisent pas de truffes. Les places où le sous-bois est trop envahi par les broussailles sont improductives. Le problème des brûlés est passionnant. Il faudrait y consacrer quelques moyens de recherche, ce qui n'est malheureusement pas le cas... »

Propos recueillis en juillet 2003.


Accueil du site TRUFFIERE DE SAINT-REMY