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L'étang

La Terre jamais ne fatigue.
La Terre est dure, silencieuse, incompréhensible à l'abord,
La Nature est dure et incompréhensible à l'abord,
Ne vous découragez point, persévérez, il y a des choses divines bien enveloppées.
Je vous jure qu'il y a des choses divines plus belles que les mots ne sauraient dire.

Terre ! Toi qui me ressembles !
Bien que tu paraisses ici, si impassible, ample et sphérique,
Je soupçonne aujourd'hui que ce n'est pas tout ;
Je soupçonne aujourd'hui qu'il y a au fond de toi quelque chose, de féroce qui ne demande qu'à jaillir...

Walt Whitman.

La truffière est située à moins de 40 km de Metz, à environ 20 km de Verdun et environ 100 km de Nancy et 145 km de Reims.

Amateurs passionnés, nous ne sommes pas un restaurant (un jour peut-être, qui sait). Vos suggestions seront les bienvenues. Nous avons le plaisir de vous faire connaître les truffes de Lorraine. Nos moyens sont très modestes, mais la chaleur et le coeur y est !

L'étang et la Truffière de Saint-Remy-la-Calonne sont nés d'une passion, celle de Michel Garzandat pour un site qu'il aménage depuis plus de cinquante ans. Ce terrain appartenait à son grand-père qui exerçait le métier de meunier dans un moulin détruit lors de la Grande Guerre.

Moulin

Le projet de planter des arbres truffiers a longtemps mûri avant de se réaliser. Précisons que ce projet n'a bénéficié d'aucune aide financière, c'est un travail qu'il a commencé seul, jour après jour. La plupart des Lorrains ignorant que la truffe est aussi un produit de leur terroir, nous avons décidé d'aller à leur rencontre en créant « La Truffière de Saint-Remy ». Les premières visites commencèrent en octobre 1999.

La truffière est installée sur une ancienne prairie argilo-calcaire en pente légère orientée vers le sud. La structure étagée du terrain dénote des pratiques culturales plus anciennes.

Truffière vue d'une montgolfière.
Photographie : Patrice Mailfert, artisan maçon et aérostier

Paroles d'un retraité devenu trufficulteur

« Amoureux des arbres, au milieu des années 80, je pensais planter des arbres fruitiers, on m'a alors parlé de la truffe, cela m'a intrigué, je me suis informé auprès de Gilbert Lorcin puis l'Association Lorraine des trufficulteurs (AMPPTL). Ils m'ont aidé à évaluer la qualité du terrain. Lorsqu'on débute on ne connait pas forcément la géologie, la pédologie, la mycologie... Ensuite j'ai été guidé dans l'achat des plants et j'ai suivi leurs conseils culturaux qui depuis ont beaucoup évolué. Ce qui me fait dire qu'il n'existe pas de vérité en matière de truffe, on vous dit aujourd'hui que c'est bon pour la truffe et quelques années après qu'il n'aurait pas fallut faire ça ! Les premiers planteurs ont essayé de mettre des melano et aussi de planter les uncinatum comme on plante les melanos dans le sud, c'est-à-dire avec une densité faible inférieure à 800 arbres à l'hectare.

Aujourd'hui, je remarque qu'il faut laisser les certitudes qui remplissent les livres un peu de côté et apprendre à mieux regarder la nature et, enfin, se laisser guider par son intuition qui résulte de beaucoup d'observation et parfois de l'écoute d'autres trufficulteurs. Quand on cherche à interroger les gens qui récoltent dans le sud, ils sont plutôt muets sur leur art ! Alors, comment savoir ce qu'il faut faire ? Il faut se débrouiller seul. Voilà ce que j'ai découvert dans ce monde : la solitude du planteur ! Un fois on va vous dire « c'est bien comme cela qu'il faut faire », quelques années aprés on va vous dire vous n'auriez pas dû faire ça ; sans compter que les techniciens eux-mêmes sont rarement d'accord entre eux...

Nous nous sommes trompés en plantant il y a moins d'une quinzaine d'années T. melanosporum dans nos régions. Ce qui ne veut pas dire que d'autres planteurs ne pourraient pas réussir à en obtenir. Mais le terrain ainsique le micro-climat plutôt froid n'est pas très favorable à la production de cette truffe. Nous avions suivis la tendance à l'époque, mais le gel en janvier est si fort là-haut que les truffes ne peuvent plus être récoltées, elles sont gelées tous les ans en janvier-février. Les pieds sont aussi colonisés par des brumales. Aujourd'hui, c'est vrai les truffières meusiennes produisent peu de T. melanosporum. Nous récoltons de temps en temps quelques rares melanos, c'est plutôt anecdotique, mais quel plaisir. Alors je tente de "remycorhizer" sur place les arbres en réensemençant des restes de truffes invendables, qui ne tente rien n'a rien dit-on. J'ai enfin des résultats je pense car je récolte des Tuber uncinatum sous des plants melano. J'ai même trouvé deux exemplaires de plus de 300g, pour l'une d'elle on aurait dit des truffes collées les unes contre les autres.

Notre travail consiste à développer peu à peu l'image des truffes dans la région Lorraine, auprés d'un public toujours étonné d'apprendre qu'on en récolte en Meuse, Moselle, Meurthe et Moselle et un peu dans les Vosges mais aussi en Champagne, en Bourgogne, en Alsace etc. La Truffière de Saint-Remy-la-Calonne est devenue un véritable carrefour de la truffe dans l'Est de la France, mais c'est en fait une chaumière de la Truffe où nous partageons notre passions avec le public. Nous avons tout fait par nous-même sans aucune subvention. Nous tenons à vendre de la qualité avec cette contrainte qu'il est impossible de tout maîtriser dans le domaine des truffes ».

Comment avons-nous planté ?

« Après l'arrachage des broussailles, une longue préparation du terrain (labourage, traitement herbicide au glyphosate - sûrement une erreur). MIchel plante en 1989 les 150 premiers noisetiers mycorhizés en T. melanosporum (autre erreur) puis, année après année, la surface de la truffière s'agrandit. Nous optons ensuite pour Tuber uncinatum qui semble être mieux adapté à nos climats.

1. Binage manuel autour des plants, taille, travail mécanique du sol au cours des cinq premières années.
2. Puis, enherbement "contrôlé" en fétuque ovine du terrain pour éviter que le sol ne s'asphixie, fauchage.

Aujourd'hui, ce sont plus de 2000 arbres truffiers (des noisetiers principalement mycorhizés en T. melanosporum et T. uncinatum) qui occupent une surface de 4,5 hectares. Nous voulions appliquer à T. uncinatum la façon culturale de T. melanosporum : aujourd'hui tout le monde s'accorde à penser que cette densité est beaucoup trop faible pour T. uncinatum.

Cette espèce préfère l'ombre, tolère bien un terrain moins calcaire. On peut aller jusqu'à 800-900 arbres à l'hectare, voire plus. Tout l'art du travail du sol réside dans l'aération de la terre sans casser les racines des arbres : attention aux engins mécaniques agricoles c'est bien les premières années mais destructeur les années suivantes. Moralité je continue à planter !

Planter des essences variées

La volonté actuelle est de varier les essences pour éviter les inconvénients (ou les désastres !) de la monoculture. Nous avons eu quelques problèmes de ce type. J'ai planté d'autres essences chênes, pins noirs, charmes.

L'avantage : l'eau

L'arrosage, manuel ici, est impératif à la fin du printemps s'il est sec et l'été en juillet-août. Il est facilité par la présence d'une source et de l'étang. Il faudrait à terme installer un système d'irrigation, cependant le coût est très élevé par rapport au prix de vente de Tuber uncinatum, nous n'avons pas les moyens d'installer ce système, alors nous arrosons parfois avec un tuyau les jeunes arbres pour leur assurer une meilleure reprise.

La culture de Tuber uncinatum demeure toujours expérimentale et le restera encore longtemps. La difficulté actuellement réside autant dans l'installation d'une truffière que dans la mise en place d'un marché où la clientèle saura estimer avec justesse la qualité de ces truffes (uncinatum, mesentericum, melanosporum).

Instaurer un marché opérationnel et officiel dès octobre, voilà ce dont a besoin la truffe. Quiconque doit savoir où acheter des truffes lorsque la saison commence. Une solution : multiplier les petits marchés hebdomadaires, locaux, régionaux etc. Un réseaux de commercialisation s'impose pour que la truffe aille à la rencontre de son public pendant la saison. Les consommateurs devront comprendre aussi que Noël n'est pas le bon moment pour consommer les truffes fraîches de nos régions...

Le prix est l'un des premiers. La fraîcheur et la sélection d'un bon produit en font un produit unique à choisir comme un melon... au nez. En plus on peut se régaler avec 10g de truffes par personne. Les truffes de nos régions valent celles des autres régions. Il n'y a aucune raison pour qu'elles soient vendues moins chères sous prétexte que nous ne sommes pas des départements traditionnellement trufficoles (Lorraine, Champagne et c'est un peu moins le cas pour la Bourgogne), nous voyons certains vendre les truffes toujours au même prix depuis des ann©es quelque soit la rareté : l'offre et la demande. Nous avons des atouts entre nos mains, aujourd'hui il est temps de les utiliser et de convaincre ceux qui n'y croient pas.

Et les visites... ?

Nous avons eu cette idée avec Gérard Meunier en 1999. Les gens sont venus de plus en plus nombreux et de plus en plus loin. Notre idée a fait son chemin dans la Meuse avec divers projets qui ont une dimension souvent plus moderne. Nous avons essayé de garder intacte l'ambiance de l'origine : pas d'eau courante, pas d'électricité et nous ne sommes couvert par le réseau téléphone depuis seulement 4 ans. Les conditions météos sont parfois difficiles et la petite maison ne permet que de recevoir des groupes à taille réduite. Tout ce travail est privé, nous n'avons jamais une seule aide financière privée ou publique, ni à titre touristique, ni à titre agricole, alors si la truffière peut continuer c'est bien grâce aux fidèles clients qui reviennent régulièrement.

Le trufficulteur et son chien...
Une truffe au bout de la truffe ?

Cette truffière demande quotidiennement un entretien attentif tout au long des quatre saisons : tailler, biner, fraiser, arroser, couper les drageons, traiter les maladies du noisetier... et celles du trufficulteur fatigué !

Le vieux et son chien.

S'il était le plus laid
De tous les chiens du monde,
Je l'aimerais encore
A cause de ses yeux.

Si j'étais le plus laid
De tous les vieux du monde,
L'amour luirait encore
Dans le fond de ses yeux.

Et nous serions tous deux
Lui si laid, moi si vieux,
Un peu moins seuls au monde,
A cause de ses yeux.

Pierre Menanteau.
Ce que m'a dit l'alouette

Ed. Les Nouvelles Presses française,1957.
Sur une proposition de Nicolas !

Message à mon maître

Assis sur mon étoile
Dans le grand ciel blanc
Je n'ai besoin de rien
J'ai le manque de toi :
Gambader à tes côtés
Courir après le papillon
et la libellule
Jouer avec le vent
Dans les herbe folles
Profiter du soleil
Boire l'eau fraîche de la source
Et, quand la lune
Prend son bain dans le grand étang,
Je rentrais à la maison avec toi.
J'aimais m'endormir contre toi
En rêvant de remplir
Ton panier de diamants noirs

Mon bon maître,
Ne marche pas trop vite,
Prends bien le temps
De vivre dans ton paradis vert
Protège-toi des coups de froid
Des coups de soleil
Tu sais, j'ai erré d'étoiles en étoiles
J'ai beaucoup cherché
Ici, il n'y a pas de truffes

… Le soir, lève tes yeux vers le ciel
Et de la main, dis-moi bonsoir
Tu me manques tant mon bon maître.

Tino

Texte écrit par Anne-Françoise Kontz en souvenir de Tino parti en octobre 2012

 

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